BILAN

Konnichiwa mina-san ! 

Ce sera le dernier “Bonjour à tous !” que j’écrirai dans cette rubrique car cet article vient conclure l’expérience que j’ai vécue durant 108 jours au Japon. J’écris cet article durant l’hiver suivant mon voyage afin de prendre suffisamment de recul sur cette fabuleuse expérience.
Tout d’abord, je souhaite remercier ceux qui ont lu ou liront ces mots et apprécieront, ou non, mes photographies réalisées cet été. N’étant pas habitué à rédiger des articles hebdomadaires, ce fut un exercice très enrichissant.
Pour ce dernier article, je viendrai rappeler l’objectif de ce voyage et j’analyserai ce que j’ai vécu, découvert et les problèmes rencontrés. Par la suite, je parlerai ce que je pourrais retirer de cette expérience et je terminerai avec la présentation de mes cinq photographies favorites.

Reprenons du début, pour rappel je suis parti seul au Japon durant l’été 2018 entre le 4 juin et le 20 septembre (initialement jusqu’au 18 septembre). L’objectif premier de cette expérience était de réaliser un photo-reportage puis une vidéo sur le pays à travers sa culture, ses paysages, sa vie quotidienne mais également sur ce que j’y ai vécu en ajoutant mon ressenti et cette part de subjectivité qui est propre à la photographie.
Afin de réaliser cela, j’avais plusieurs tâches à effectuer :
La première, évidente mais néanmoins importante, fut de réussir à m’intégrer à cette nouvelle culture et aux différents mœurs en vigueur. En effet, afin de retranscrire au mieux mes impressions à travers mes mots et mes images, il fallait que je comprenne moi même ce que je vivais et ce qui était important dans le pays pour réaliser un reportage un minimum intéressant. Une fois ce travail effectué, je pus commencé la production d’images, notamment vidéo dans un 1er temps. Petit à petit, me rendant compte que les vidéos assemblées risquaient de durer trop longtemps je filmais de moins en moins au profit de la photographie. De plus, il m’était parfois compliqué de filmer et de photographier en même temps car cela pouvait être beaucoup trop long et finalement je me rendais compte c’était les mêmes scènes sous les mêmes points de vus qui étaient capturées. En plus des images, je prenais des notes chaque jour sur le contenu de celui-ci et en fin de semaine, je rédigeais l’article tout en développant et retouchant mes images. Les vidéos étaient quand à elle sauvegardées et stockées dans mon ordinateur portable. Pendant quelques semaines j’ai réussi à tenir le rythme mais plus le temps passait, plus les légers retards s’ajoutaient aux imprévus ce qui eu pour conséquence que les derniers articles furent rédigés avec beaucoup de retard. Cependant j’ai tout de même réussi à revenir du Japon avec plus de 850 images dont a moins 100 que j’adore, j’ai réussi à rédiger la totalité des articles et les vidéos sont toutes stockées sur mon PC et sont en cours de montage à l’heure où j’écris.

Durant ce voyage, j’ai était assez surpris voir déconcerté pas ce que je vivais. Cela m’a amené à découvrir quelques éléments sur ma personne que je ne connaissais pas.
La première chose qui m’a surpris a été le très faible niveau en anglais des Japonais. Je savais que le Japon n’étais pas réputé comme un pays parlant anglais couramment mais je ne m’attendais pas à ce que leur niveau soit aussi faible. j’ai eu beaucoup de mal à converser en anglais. Dans les grandes villes,on pouvait parfois se faire comprendre en utilisant un vocabulaire simple mais il était très rare de mener une longue conversation. Dans les campagnes, souvent vieillissantes, il était encore plus difficiles de réussir à parler en anglais et les rares échanges étaient souvent très courts. Partant de ce constat et du fait que je ne parlais pas du tout japonais, on pourrait penser que ce voyage a été très compliqué, notamment du fait que j’ai souvent changé d’endroit et d’habitudes. Aimant discuter longuement, j’ai donc appris à parler de façon très synthétique en allant droit au but. J’ai ainsi découvert ma capacité à ne discuter que peu de temps tout en utilisant des images, les mimes et autres moyens de communications pour me faire comprendre et comprendre les autres.
De plus, en France je possède un sens de l’orientation relativement limité et je pensais perdre beaucoup de temps à chercher ma destination voir à me perdre dans un pays si grand, dense et aux panneaux incompréhensible mais j’ai découvert que dans une telle situation j’étais beaucoup plus attentif et concentré sur le chemin et je ne me suis que très rarement perdu.
C’était également la première fois que je partais aussi longtemps seul et hors de l’Europe qui plus est, je pensais donc éprouver certaines difficultés liées à l’autonomie. Cependant, après un léger temps d’adaptation j’ai rapidement trouvé mes habitudes et je n’ai vécu aucun problème majeur lié à cela.
De plus, l’été 2018 japonais fut l’un des plus mouvementé et terrible d’un point de vue climatologique. En effet, après avoir subit des semaines de pluies torrentielles entrecoupées de typhons, j’ai vécu un gros mois de très forte canicule et de sécheresse avant d’être confronté une nouvelle fois à des nombreux typhons pour terminer avec une nouvelle saison de pluie diluvienne. C’était la première fois que j’étais confrontés à un climat si terrible et aussi changeant et il m’a fallu m’adapter rapidement à cette nature afin de profiter au maximum du voyage tout en ne prenant pas de risques trop importants. J’ai donc découvert ma capacité d’adaptation à un milieu difficile et très changeant.
Globalement, je pense donc avoir gagné en confiance en moi grâce à la forte différence culturelle entre le Japon et la France. Mais aussi grâce aux conditions de vie pas toujours idéales, j’étais clairement sorti de ma zone de confort française et cela m’a certainement fait grandir.

Pour conclure cet article, je dirai que cette expérience m’a tout d’abord fait mûrir d’un point de vue artistique. En effet, ayant pratiqué beaucoup plus régulièrement la photographie et la retouche photo qu’habituellement, j’ai découvert de nombreuses nouvelles techniques. J’ai également amélioré mes quelques capacités déjà existantes et surtout mon regard sur mon environnement.
Mais au delà de cette dimension artistique j’ai surtout appris sur moi et ma capacité à vivre seul dans un environnement très différent, voir difficile et incompréhensible. Le fait d’avoir réussi à m’adapter à cette culture et ce climat pourrait me permettre de m’adapter à de nombreuses autres situations de la vie.
Enfin, j’ai redécouvert la solidarité et le respect d’autrui dans la vie quotidienne, comme exprimé au cours de mes articles, le Japon est un pays faible en ressources et fragile dû aux catastrophes naturelles. Mais il reste un pays important mondialement et pour ce faire, c’est tout un peuple qui s’est soudé afin d’avancer ensemble et lutter face à ces terribles problèmes. De plus, ils ont une capacité d’acceptation et d’abnégation très importante leur permettant ainsi de supporter des petits problèmes de la vie. Je citerai donc un japonais qui a énoncé, à raison, que “les français se préoccupent trop des petits détails”. Nous n’avons certes jamais vécu ce qu’eux ont pu vivre et nous n’avons donc pas développé les mêmes capacités mais il faudrait prendre du recul parfois sur notre bonne situation.
Le Japon n’est pas parfait et possède de nombreux défauts, mais je pense donc que nous devrions prendre parfois exemple sur eux pour notre vie quotidienne afin de se concentrer sur ce qui est essentiel : être heureux.

Je terminerai donc cet article avec mes 5 photos favorites :

Cette photo a été prise à Hiroshima un soir alors que je me baladais le long du parc mémorial de la ville. Lorsque le Soleil s’est couché, le ciel s’est teint en rose recouvrant la ville de cette couleur poétique. Or en face de moi se trouvait le dôme de Genbaku servant de mémorial de la paix. L’ambiance se trouvait alors très paisible, rappelant ainsi la chance de vivre dans une époque où je ne suis pas touché directement par les catastrophes

Cette photo a été faite dans la montagne de Kyoto, dans le sanctuaire
Fushimi inari taisha. Cette photo représente le côté paisible, calme et très particulier du lieu. Alors qu’en cette nuit pluvieuse la température baissait, assis devant cette source de lumière, je profitais de l’instant présent au sec.

Cette photo aussi a été prise à Kyoto, au temple de l’eau : Kiyomizu dera, c’est l’un des symboles du pays. Je trouvais simplement cette photo belle de part ses couleurs chatoyantes mettant en valeur la ville, entourée de collines et surmontée par ce temple. Cette photo prise au couchée de Soleil me donne simplement envie de voyager et d’y retourner.

Cette photo est l’une de mes dernières de mon voyage, elle a été prise dans le quartier de Shinjuku à Tokyo. J’aime l’attitude de cette femme, posée voir désabusée alors qu’elle se trouve la rue la plus dense du quartier avec ses belles lumières colorées. Son attitude contraste avec l’environnement, comme si le temps s’était arrêté pour elle et que mon appareil photo avait alors figé l’espace autour de cette japonaise.

Cette photo d’une jeune miko en tenue fermant les portes du sanctuaire de Shizuoka est ma favorite. Elle va de pair avec la photo précédente car elles représentent ce qu’est le Japon : un pays moderne et touristique avec une culture religieuse et spirituelle très marquée. Cette photo m’apparaît comme “pure” avec cette jeune femme encadrée par les portes du sanctuaire regardant la lumière. On ne distingue pas son visage car ici ce n’est pas le sujet en lui même qui est important mais ce qu’elle symbolise : la jeunesse japonaise tournée vers la lumière, vers l’accomplissement, la simplicité, le bonheur.
Cependant, cette lumière provient de l’extérieur du sanctuaire. Or cette jeune miko est tournée vers elle et est entrain de fermer les portes en s’enfermant dans l’obscurité. Cela pourrait symboliser justement que la vérité (pour la jeune génération japonaise symboliser par la personne) ne se trouve pas dans la religion mais à l’extérieur, dans l’environnement qui nous entoure : le monde réel. C’est mon interprétation personnelle mais chacun peut y trouver son compte, c’est aussi ça, le pouvoir des images.
(d’ou l’intérêt de contextualiser une image et d’y apporter un commentaire)

1 thought on “BILAN

  1. Emilie SOUCASSE 29/01/2019 at 09:48

    Quel travail, quelle rigueur, quel professionnalisme!
    Bravo et merci pour ce partage d’expériences.

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