Anthony Vignette  :  Professeur des écoles, ex ingénieur, amateur de photographie et de dessin !

 

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—   ORIGINE DE TASOG   —

 

Contrairement aux prénoms qui – en occident – sont généralement choisis arbitrairement, je souhaitais un pseudonyme choisis par sens plus que par gout.

Pour moi la photo est liée aux souvenirs, à l’importance de se rappeler du passé “émotionnel” dans notre futur. Je me suis alors demandé quels étaient les souvenirs et les moments favoris de ma vie quotidienne.
M’est apparu ainsi ce souvenir apaisant de contemplation du crépuscule l’été sur mon balcon aves lumières de la ville prenant vie progressivement.
Alors que le crépuscule indique le passage du jour à la nuit, il marque pour moi le début d’une nouvelle journée. Une journée caractérisée par une vie urbaine qui se couche, par un calme environnant qui se réveille et qui symbolise ce moment durant lequel je ressens cette envie de dessiner, d’écouter de la musique, de travailler mes photographies, etc…
Je souhaitais un pseudonyme court et “unique”.

J’ai donc continué mes réflexions et je me suis demandé quel était cette fois le meilleur souvenir photographique que j’avais : le Japon. Surtout qu’en japonais l’origine des noms ont généralement un sens.
En traduisant “Crépuscule” littéralement, à l’aide des Kanji par exemple, on trouve : “Yuukoku” formé du Kanji “Yuu” qui signifie “soir” et du Kanji “Koku” qui signifie “trancher”. Cependant “Yuukoku” possède une sonorité trop japonaise et est trop long. J’ai continué mes recherches et je suis tombé sur cette sympathique histoire :

Plongeons dans le vieux Japon, le Japon dans lequel les routes n’étaient pas toutes éclairées, le Japon dans lequel on se promenait la nuit avec une lanterne sur soit. Lorsque le Soleil est couché sous l’horizon, ses rayons lumineux sont encore diffusés par l’atmosphère, nous permettant ainsi d’être baigné d’une faible lueur pendant quelques instants. Cette clarté est suffisante pour se promener sans allumer sa lanterne mais ne permet que de distinguer la silhouette d’une personne se dirigeant vers nous. A cette époque, pour la distinguer, il fallait alors se dire :
誰そ彼 “Taso, kare wa ?” une expression archaïque signifiant “Qui est cette personne ?”.
Avec le temps cette expression a disparu et les déformations linguistiques l’ont transformée en “Taso kare” qui est devenu 黄昏 “Tasogare”.

Aujourd’hui ce mot est encore utilisé pour désigner le moment où l’on peut se promener dehors, sans lumière, mais qui ne nous permet pas de distinguer tous les détails, ce moment c’est le crépuscule.
Ce terme est également utilisé en art, dans des poèmes ou dans une chanson afin d’imager la solitude ou la mélancolie.

Pour finir, “Tasogare” étant trop long avec une sonorité trop japonaise, je l’ai réduit en “Tasog” donnant ainsi naissance à ce pseudo.

— BONUS & SPOIL : YOUR NAME —

“Tasogare” se retrouve au coeur de l’histoire de mon film d’animation favoris : 君の名は “Kimi no na wa” soit “Quel est ton nom ?” ou “Your Name” de Makoto Shinkai.
Dans la scène de la salle de classe au début du film, la professeure explique l’origine du mot 黄昏時 “Tasogare-doki”, “Doki” signifiant ici “Heure”. A côté, sur le tableau, figure le mot 万葉集 “Manyôshû” qui est un recueil de poèmes japonais datant des siècles IV à VIII.
Comme expliqué dans le film et précédemment : 黄昏 “Tasogare” s’écrivait auparavant 誰そ彼 “Taso, kare wa ?” soit “Qui est cette personne ?” ou “Qui es-tu ?”.
Or, dans ce recueil “Manyôshû”, figure le poème : 誰そ彼 “Taso, kare wa ?”
Traduit (très) simplement par :

Ne me demande pas qui je suis
En ce crépuscule du mois de septembre
J’attends mon bien aimé

Ce 誰そ彼 “Taso, kare wa” ou “Qui es-tu ?” réprésente le crépuscule considéré comme étant l’heure où le vivant et non vivant se rencontraient, mais qui ne pouvaient pas se distinguer l’un de l’autre : ce temps n’est ni jour ni nuit, c’est le temps durant lequel le monde se floute et où l’on peut alors rencontrer quelque chose de non humain.
Cette période était donc propice à demander “Qui es-tu ?”.
Aujourd’hui en japonais, on utilise le prénom de la personne pour s’adresser à celle-ci plutôt qu’un pronom (-kun, -chan, etc…). Mais à l’époque utiliser le nom d’une personne, était plutôt perçu comme une demande en mariage, une déclaration d’amour. Répondre à cet appel signifiait alors accepter la demande. C’est pour cela que la personne du poème, peut-être son auteure, demande à ce qu’on ne lui demande pas son nom car elle son coeur est déjà pris. Tout le poème tourne donc autour de la signfication de “Tasogare” liant ainsi la question du nom, le crépuscule et l’amour.

SPOIL :


Lorsque l’on sait tout ça, la scène du crépuscule dans le film prend tout son sens, le 誰そ彼 “Taso, kare wa ?” soit “Qui es-tu ?” est devenu 君の名は “Kimi no na wa” soit “Quel es ton nom ?”.
De plus, comme expliqué en début de film : 誰そ彼 “Taso, kare wa ?” a une variante 彼は誰 “Kawatare” signifiant également “Qui es-tu ?” et désigne aussi le crépuscule. Cette expression est ainsi employée durant la scène où les deux protagonistes se retrouvent face au crépuscule et se dévoilent leurs sentiments en écrivant leur prénom sur la main de l’autre et en criant à l’autre “Qui es-tu ?”.